Foyer de travailleurs AFTAM Alfortville. Ousmane (à gauche) est arrivé en France en 2000. Il travaille dans le BTP. Dès son arrivée il obtient un travail et il enchaîne les missions sans discontinuer. Ceci jusqu’en 2007 où suite à un accident du travail, lui entrainant 2 tendons de la main coupés et un doigt ouvert, il est licencié sous prétexte d’abandon de poste alors que les pompiers sont venus le chercher et l’emmener à l’hôpital. Ousmane pour l’instant ne peut pas porter plainte aux prud’hommes contre ce patron car sans papiers. Ousmane changera ensuite de patron. Le suivant refusera de lui donner son Cerfa (papier permettant de faire une demande de titre de séjour à la préfecture). Son nouveau patron en août 2008 lui fera son Cerfa mais il ne parviendra pas à obtenir son titre de séjour car ne disposant pas de 12 feuilles de paye consécutives. C’est alors qu’il est arrêté par la police. Il a pris l’habitude, sans papiers, de toujours se déplacer avec ses 12 dernières feuilles de paye sur lui qui attestent qu’il est en droit d’obtenir un titre de séjour (même si la préfecture arbitrairement lui en refuse l’obtention). La police malgré cela le met en garde à vue, il est jugé et mis au centre de rétention de Mesnil-Amelot (77). Un courrier lui est alors adressé pour lui signifier son expulsion avec comme motif pour cette décision : « sans raison à justifier ». Il sera tout de même libéré au bout de 17 jours puisque remplissant les conditions pour obtenir un titre de séjour. C’est alors qu’il décide de se lancer activement dans la grève qui débute le 11 octobre 2009.
Foyer de travailleurs AFTAM Alfortville. Salimou (à gauche lisant le journal) est arrivé en France le 22 juin 1997. Il a enchaîné divers travaux comme manutentionnaire chez Metro, jardinier ou ripper à la ville de Paris. Il n’a pas de travail déclaré depuis septembre 2008 et doit accepter des petits travaux rémunérés au noir. Depuis qu’il s’est lancé dans la grève en octobre 2009, il a du quitter son logement qu’il occupait, ne pouvant plus le payer et à intégrer le foyer Aftam où il occupe un matelas par terre. Il souffre, comme tous les autres, de faire cette grève car il se prive de revenus. Mais il sait qu’au village la situation est bien plus dure encore car la bas la subsistance de chacun dépend des maigres mandats reçus. Malgré cela au village les familles restent solidaires de ce combat que mènent leurs enfants en France
Demba (à droite avec la casquette) est arrivé en avion en France en 1987 avec un visa de tourisme. Pour des raisons familiales il est retourné au Mali en 1993 pour revenir dans l’héxagone en 2000. Demba a pris seul la décision de revenir en France en 2000 sans en parler à sa famille qui, ayant trop peur de la traversée en pirogue, se serait opposée à son départ. C’est au Maroc qu’il a traversé l’Océan pour rejoindre les Canaries. Une traversée qui durera 6 jours, pour un voyage totale de 27 jours qui l’aura amené de kayes à Paris. Pour rire, il dit, lui et ses camardes d’aventure, que le bon moyen de transport pour arriver ici c’est « Air peut être ». C’est à dire l’avion ou bien tes pieds…. Bref la débrouille… Depuis 23 ans que Demba a mis la première fois les pieds en France, il a toujours dormi dans ce foyer, toujours dans le même lit, là où il est assis. Ce lit il le partage avec son oncle de 62 ans qui de temps en temps fait un passage au foyer. Demba est fier de dire qu’il n’a presque jamais eu de déboire avec la police. Trois fois seulement il a été contrôlé en tout ce temps. La dernière fois malgré tout il a été retenu en garde à vue. Pour lui le meilleur moyen de ne pas avoir d’ennui est de ne jamais faire de bêtises.
Foyer de travailleurs AFTAM Alfortville. 90% des personnes hébergées dans le foyer sont des maliens originaires de la ville de Kayes. Le foyer dispose de 63 chambres disposant chacune de 3 lits. La plupart du temps se sont 5 à 7 personnes qui y dorment. Le loyer pour un lit est de 161€
Foyer de travailleurs AFTAM Alfortville. Ousmane montre ses bulletins de salaire. Depuis la grève son patron lui adresse des feuilles dont le montant à payer est de zéro.
Foyer de travailleurs AFTAM Alfortville. Ousmane montre son avis d’imposition pour ses revenus de 2009. Comme tout travailleur sans papiers déclaré, Ousmane paye des impôts et ses cotisations sociales. Pourtant cela ne lui ouvre aucun droit.